Leadership éclairé
2009
"Le plus difficile reste à faire pour les villes"
Cet article a été publié dans Ottawa Citizen on 24 août 2009.
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La grande récession touche à sa fin. Toutefois, pour de nombreux gouvernements municipaux ontariens, les problèmes ne font peut-être que commencer.
Les transferts des gouvernements fédéral et provincial, les impôts fonciers et les divers frais d’utilisation sont les principales sources de revenus pour les municipalités. Ces revenus tendent à être plus stables que les rentrées provenant de l’impôt sur le revenu des particuliers et de l’impôt des sociétés qui sont si essentiels aux autres paliers du gouvernement. En effet, les municipalités ont profité des subventions croissantes visant les infrastructures locales grâce, en partie, à une part des taxes provinciale et fédérale sur le carburant. Le gouvernement provincial a également dispensé les municipalités de certaines obligations budgétaires telles que le paiement d’une partie des frais d’aide sociale.
Ensemble, ces mesures ont permis de plus que tripler l’appui combiné des gouvernements fédéral et provincial aux gouvernements locaux, qui a atteint plus de 3 milliards de dollars par an au cours des dernières années. De plus, les gouvernements ont offert des financements ponctuels importants, y compris une part des fonds de fins d’exercice provenant de la province d’Ontario.
Toutefois, les gouvernements du Canada et de l’Ontario devront bientôt modifier leurs priorités et tenter plutôt de contenir leurs déficits énormes. Il est peu probable, voire inapproprié, que les transferts aux municipalités soient réduits autant qu’ils l’ont été dans les années 1990, lorsque les gouvernements du Canada et de l’Ontario ont été frappés par une crise fiscale. Cependant, les municipalités ne devraient certainement pas s’attendre à ce que l’augmentation du financement qu’elles recevaient des autres paliers du gouvernement soit maintenue au rythme connu récemment.
D’autre part, la stabilité des revenus de l’impôt foncier est une arme à double tranchant puisque l’amélioration du marché immobilier ne se traduit pas automatiquement par des recettes générales plus élevées durant les périodes de reprise comme c’est le cas, par exemple, pour l’impôt sur le revenu.
En attendant, certaines des pressions liées aux dépenses exercées sur les municipalités vont s’intensifier. Dans la plupart des cas, les fonds pour l’infrastructure versés par les gouvernements du Canada et de l’Ontario visaient les dépenses en immobilisations seulement. Les municipalités devront donc obtenir les fonds d’exploitation nécessaires pour faire fonctionner les installations agrandies.
Par ailleurs, si les tendances de ce cycle économique sont similaires à celles des autres cycles, les coûts de l’aide sociale assumés par les municipalités doivent encore culminer. En effet, près de 300 000 Ontariens reçoivent des prestations d’assurance-emploi. Lorsque leurs prestations prendront fin, ces bénéficiaires devront recourir à l’aide sociale plus tard cette année ou en 2010. Mais ils devront auparavant réduire la plupart de leur actif. En Ontario, les prestations d’aide sociale sont refusées aux individus qui possèdent plus de 580 $ en actif liquide et aux familles qui en possèdent plus de 1 600 $. Les cas d’aide sociale ne culmineront donc pas avant un certain temps. De plus, nous nous attendons à ce qu’il y ait une baisse supplémentaire de l’emploi au cours des prochains mois dans la province et à ce que ce marché ne se redresse pas suffisamment en 2010. Le chômage en Ontario devrait probablement atteindre un taux à deux chiffres au cours de l’an prochain.
Certaines villes seront en meilleure position que d’autres pour faire face aux pressions. La ville d’Ottawa, par exemple, se targue de maintenir un faible niveau d’endettement et une position de réserve solide. Le taux de chômage dans cette ville s’établit actuellement à moins de sept pour cent, contrairement à Toronto qui est confrontée à un taux de chômage atteignant onze pour cent et qui compte plus que le double de cas d’aide sociale. Ce qui est encore plus grave, c’est que la ville de Toronto a caché un déficit structurel, même pendant des périodes de bonnes conjonctures, en réduisant ses réserves alors que son niveau d’endettement enregistrait une hausse marquée. Indépendamment de ses variations, peu de municipalités en Ontario seront à l’abri de ces importants défis. Les municipalités représentent l’épicentre des enjeux économiques aussi bien que budgétaires.
L’économie ontarienne a été durement touchée par la récession. L’industrie forestière a été dévastée par l’incidence du marasme du marché de l’habitation aux États-Unis sur les prix et les volumes. Le secteur manufacturier, quant à lui, a perdu 330 000 emplois dans la province au cours des sept dernières années, la plupart des pertes ayant touché les collectivités axées sur le secteur de l’automobile. La diminution du nombre de touristes américains a durement frappé les collectivités où le secteur touristique joue un rôle important.
Tous ces secteurs sont soumis à des pressions structurelles aussi bien que cycliques. Aucune reprise rapide n’est prévue ni pour les travailleurs individuels ni pour les collectivités dans lesquelles ils vivent. Le grand défi auquel fait face l’économie ontarienne est de savoir comment remplacer les emplois perdus pour connaître de nouveau une croissance générale forte et durable. Il lui faudrait pour cela réaliser une transition rapide vers les biens et services à plus forte valeur ajoutée. Nous ne pouvons pas et nous ne voulons pas faire concurrence à la Chine et aux autres économies émergentes sur le plan des bas salaires. Les gouvernements du Canada et de l’Ontario ont donc un rôle clair à jouer pour garantir une prospérité durable aux Ontariens.