Leadership éclairé
2010
"La création de campus mondiaux est essentielle au maintien de nos universités"
Cet article a été publié dans le magazine Progress on 1 octobre 2010.
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Voici un signe encourageant pour un pays dont la prospérité future repose largement sur sa matière grise : les inscriptions à l'université ne cessent d'augmenter au Canada. En 2008-2009, 40 000 nouveaux étudiants sont arrivés sur les campus – un bond de 3,7 pour cent sur un an. Mieux encore, le nombre d'étudiants universitaires est en hausse depuis 2002.
Pourtant, les tendances démographiques pourraient tarir nos sources de futurs travailleurs du savoir. Voilà un thème malheureusement fort connu au Canada atlantique.
Le nombre moins élevé de diplômés de niveau secondaire dans la région réduit le nombre d'étudiants potentiels pour ses universités. Il serait quasiment impossible pour une seule province, et encore moins pour un seul gouvernement, de renverser cette tendance démographique à court terme.
Mais nous pouvons agir sur d'autres facteurs. Tout d'abord, les provinces ont fait un bon travail pour s'assurer que leurs étudiants de niveau secondaire obtiennent leur diplôme. En plus, ils sont de plus en plus nombreux parmi ces diplômés à entreprendre des études postsecondaires, y compris des études collégiales.
La réalité, cependant, c'est que nous avons toujours été et serons probablement toujours une région importatrice nette d'étudiants, en provenance du reste du Canada et de l'étranger.
À mon avis, nous devons travailler plus efficacement pour attirer au Canada atlantique un plus grand nombre d'étudiants et les garder.
Une récente initiative de la Nouvelle-Écosse présente une approche particulièrement innovatrice. Forte de ses onze universités, la province, « Capitale universitaire du Canada », représente une destination de choix pour les études. Les étudiants potentiels peuvent consulter un site Web pour rencontrer les professeurs et obtenir des renseignements sur chaque établissement.
Pour moi, l'aspect innovateur – l'idée révolutionnaire –, c'est l'expérience cohérente offerte aux visiteurs du site Web de la campagne. Dans bien des cas, ces institutions se font concurrence pour obtenir les mêmes étudiants. Malgré cela, elles ont trouvé le moyen de collaborer, en se disant qu'une marée montante soulèvera tous les bateaux.
Cependant, il faudrait que nous regardions au-delà du Canada. D'ailleurs, tout comme c'est le cas du commerce depuis plus d'un siècle, les occasions les plus intéressantes se trouvent sur les marchés mondiaux. En somme, nous devons créer des campus mondiaux.
Nous sommes en bonne position pour le faire.
Actuellement, 80 000 étudiants étrangers fréquentent les universités canadiennes et constituent 7 pour cent des étudiants de premier cycle et 18 pour cent des étudiants des cycles supérieurs.
Environ 10 pour cent des étudiants inscrits à l'université au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse proviennent de l'extérieur du Canada, certains campus affichant le double de la moyenne provinciale. Selon les plus récentes données de Statistique Canada et en y ajoutant l'Î.-P.-É., ces trois provinces affichent, à 10 pour cent annuellement, la plus forte croissance d'étudiants étrangers de 2000 à 2006. D'ailleurs, les deux plus importantes universités de Halifax, Dalhousie et Saint Mary’s, accueillent des étudiants venant de plus de 100 pays. Quatre-vingts pays sont représentés sur le campus de l'Université Memorial, et 50 nations de par le monde sont représentées sur le campus de l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard.
L'apport de ces étudiants à ces provinces est considérable. L'incidence des étudiants étrangers sur l'économie canadienne se chiffre actuellement à 6,5 milliards de dollars annuellement. Ils aident à couvrir les coûts de ces provinces en matière d'études postsecondaires. Une fois diplômés, un grand nombre d'entre eux viennent enrichir la main-d'œuvre locale et deviennent des membres productifs de la société. Selon les conclusions des études, plus de 30 pour cent des étudiants étrangers demandent la résidence permanente canadienne. Et même lorsqu'ils retournent dans leur pays d'origine, les réseaux des anciens étudiants offrent le potentiel de liens économiques futurs.
Nous devons poursuivre sur cette lancée. Prenez l'exemple de l'Inde. En ce moment, environ 2 800 étudiants de l'Inde font leurs études au Canada. L'Australie en accueille dix fois plus.
Nous avons à peine commencé à exploiter le potentiel de cette réserve d'étudiants potentiels. Il est prévu que d'ici dix ans, 30 millions d'étudiants de l'Inde entreprendront des études postsecondaires. La demande dépassera largement l'offre locale, de sorte que de nombreux étudiants de la classe moyenne seront à la recherche d'une éducation de qualité à l'étranger. Des occasions similaires sont présentes dans d'autres pays, notamment la Chine, la Corée du Sud et l'Arabie saoudite, où les pays se mobilisent pour augmenter leur population étudiante.
Nous devons nous assurer que ces pays et d'autres se tournent vers nous.
Cet automne, un groupe de présidents d'universités canadiennes visitera l'Inde dans le cadre d'une mission menée par l'Association des universités et collèges du Canada. Leur objectif est d'augmenter la notoriété des établissements d'enseignement postsecondaire du Canada et, ce faisant, de renforcer les relations entre les universités des deux pays.
Les provinces de l'Atlantique doivent soutenir ces efforts internationaux et savoir en tirer parti. Compte tenu de l'envergure de notre réseau d'établissements, les bénéfices pour nous seront considérables si nous arrivons à définir la marque canadienne et à consolider nos liens avec les marchés mondiaux.
En outre, et pour emprunter la terminologie du marketing, nous avons la possibilité d'établir une sous-marque très intéressante, en présentant notre réseau de 17 universités comme étant le « Ivy League » du Nord. Il y a des preuves indéniables de l'excellence de nos établissements d'enseignement. Vous ne trouverez aucun classement des meilleures écoles dans lequel les nôtres ne figurent pas avantageusement. Je pense, entre autres, au classement établi par le magazine Maclean’s.
Notre offre se distingue également d’autres façons. Le coût de la vie, la qualité de vie et les emplacements dans diverses collectivités créent pour les étudiants des expériences uniques et parmi les meilleures qui soient. J’ajouterais que la composition internationale de la population étudiante, déjà manifeste dans l’ensemble du réseau universitaire, fait de nos campus des carrefours cosmopolites, favorisant les échanges d’idées et de points de vue, une expérience éminemment souhaitable pour la nouvelle génération de citoyens du monde. Nous offrons un large éventail d’avantages. Tous peuvent y trouver leur compte.
Bien sûr, cette initiative régionale est plus complexe qu'il n'y paraît. Les universités évoluent dans un marché hyperconcurrentiel et la notion d'une plus grande coopération entre établissements ne fera pas l'unanimité. Et, sans doute, un examen plus attentif de l'approche englobant toutes les provinces de l'Atlantique soulèvera des questions difficiles. Tout de même, il existe déjà des exemples démontrant que l'approche est possible à l'échelle provinciale; je pense notamment à EduNova.
D'autre part, nous ne devons pas nous empêcher d'agir dans l'attente d'une situation parfaite. Nous devons augmenter les inscriptions universitaires pour assurer notre prospérité de demain. Tout nous porte à croire que nous pourrons attirer tant les étudiants de Hong Kong que ceux d'Hyderabad.
B ref, nos provinces doivent davantage concerter leurs efforts sur la place mondiale. C'est un sujet dont j'ai parlé dans le passé et dont je parlerai encore. C'est le moyen le plus sûr d'assurer notre pertinence dans un monde de plus en plus concurrentiel, qu'il s'agisse d'attirer de nouveaux investissements, des travailleurs ou des étudiants. C'est la somme de nos efforts réunis qui assurera notre succès.