INGRID MACINTOSH: Bonjour et bienvenue à l’édition de cette semaine de TDAM Talks. Je suis Ingrid Macintosh, votre animatrice de Gestion de Placements TD. Cette semaine, on va parler d’intelligence artificielle (ou d’IA). Ce n’est pas un nouveau concept; on en parlait déjà dans les années 1950. Par contre, son utilisation s’est grandement diversifiée et accélérée en 2023. Dernièrement, certains pionniers de l’IA moderne ont sonné l’alarme à propos du rythme à laquelle la transformation s’effectue.
Aujourd’hui, il sera question de la nouvelle ère de l’IA et tout particulièrement de l’effet qu’elle peut avoir sur les marchés, les secteurs et l’ensemble de l’économie.
J’ai l’honneur d’être en compagnie de Vitali Mossounov, cochef de la recherche sur la gestion fondamentale des actions, à Gestion de Placements TD, ainsi que de Julien Nono-Womdim et de Juliana Faircloth, analystes en chef dans les secteurs de la technologie des semi-conducteurs et des produits industriels, respectivement. Bienvenue à tous.
VITALI MOSSOUNOV: C’est un plaisir d’être là. Merci.
INGRID MACINTOSH: OK. On aborde un sujet important et vraiment très intéressant. Il fait beaucoup les manchettes et je souhaite commencer par vous, Vitali. Qu’est-ce qui se passe en ce moment et pourquoi la situation semble-t-elle différente?
VITALI MOSSOUNOV: Eh bien, tout d’abord, on veut probablement faire preuve d’un peu de prudence, car il y a eu de nombreux faux départs au cours des dernières années. Dans le contexte des innovations qui ont eu lieu pendant la pandémie de COVID-19, on a entendu parler de l’Internet des objets, on a été préoccupé par la cryptomonnaie, et il a été question de 5G. On nous a aussi souvent promis une nouvelle ère d’innovation. Comme on l’a tous vu, il s’agissait davantage de technologies de continuité et, parfois, simplement d’engouement éphémère.
Selon nous, selon une définition très large, c’est différent dans le cas de l’AI. Au cours de la baladodiffusion, Julien et Juliana vont nous expliquer pourquoi. Mais, en général, on pense qu’on amorce un nouveau cycle d’innovation, comparable à ce qu’on a vu il y a 200 ans, aux débuts de la révolution industrielle, avec l’apparition du moteur à vapeur. Ça a révolutionné le transport et le secteur industriel en général. En fait, le premier chemin de fer, chemin de fer public, a vu le jour il y a environ 200 ans.
Il y a eu d’autres cycles, comme celui de l’électricité, à la fin des années 1800. Ça a fait avancer la téléphonie et d’autres technologies. Il y a aussi eu l’ère informatique, avec l’arrivée des transistors, et des tubes à vide avant ça, et tout le reste. Donc, des périodes très emballantes. Mais oui, on pense qu’on entame une nouvelle ère importante.
INGRID MACINTOSH: Julien, je m’adresse maintenant à vous parce que vous faites des recherches sur la technologie dans le domaine des semi-conducteurs. Pourquoi maintenant? Qu’y a-t-il de nouveau? Comme je le disais, l’IA existe depuis 50, 60, 70 ans déjà. Mais qu’est-ce qui est différent maintenant? Pourquoi y a-t-il cette accélération et pourquoi ça soulève des préoccupations en ce moment?
JULIEN NONO-WOMDIM: Oui, je pense qu’il est important de voir les semi-conducteurs comme la fondation de l’économie. Plus simplement, ce sont les vitamines qui donnent de la vigueur à l’économie mondiale. Certains sont bon marché, d’autres, comme ceux utilisés pour l’IA, sont très dispendieux.
Ça fait 50 ans qu’on a amorcé ce parcours d’innovation dans le secteur, et on a atteint un point où la puissance de calcul est maintenant assez importante pour permettre l’exécution d’algorithmes extrêmement complexes. Et ces algorithmes résolvent des problèmes de plus en plus pointus. C’est donc une évolution, comme vous le dites, et on atteint un point d’inflexion qui présente des occasions et des défis intéressants.
INGRID MACINTOSH: J’ai parlé tantôt – on a parlé ensemble – des modifications incrémentielles qu’il y a eues, comme la conduite autonome. Mais qui a-t-il de si inquiétant concernant les plus récentes évolutions, comme les robots conversationnels, et cette réelle transformation qui s’effectue en accéléré? Qu’est-ce qui diffère dans la façon d’utiliser l’IA aujourd’hui?
JULIEN NONO-WOMDIM: Oui, Vitali a en quelque sorte abordé le sujet plus tôt. On a essayé... Par le passé, on a tenté de soutenir le monde numérique par l’entremise du monde physique. Prenons, par exemple, la voiture autonome. C’est un problème très complexe qu’on essaie toujours de régler. Mais j’ai bon espoir qu’on va y arriver avec le temps.
Mais ce qui s’est passé au cours des 10, 20 ou 30 dernières années du côté de nos vies personnelles, c’est qu’une grande partie de notre quotidien se déroule maintenant dans le monde numérique. Enfin, combien de temps passez-vous sur votre téléphone, Ingrid? À cause de ça, l’IA générative des robots conversationnels est, en quelque sorte, le seul cas où tout est numérique. Et c’est un monde que les ordinateurs comprennent très bien. Le fait que nos vies soient plus numériques, que l’information soit conservée en ligne rend ça facile, enfin, plus facile que dans une réalité numérique/physique. Je pense que c’est la distinction qui explique l’accélération actuelle.
INGRID MACINTOSH: En effet, l’IA peut réellement reproduire un plus grand nombre de nos tâches courantes ou de ce qu’on faisait avant.
VITALI MOSSOUNOV: Tout à fait. C’est exactement ça.
JULIANA FAIRCLOTH: Et j’ajouterais que, selon moi, une partie de la différence repose sur... Ça fait longtemps que l’automatisation en robotique existe. Les robots qui reproduisaient de petites tâches physiques répétitives, comme les bras robotiques, dans une usine, qui soulèvent une pièce et la déposent ailleurs. La nouvelle IA se rapproche davantage de la reproduction des prises de décision humaines et de la formation d’une opinion humaine. Elle traite l’information pour fournir une réponse selon un processus qui ressemble plus au processus mental humain qu’au processus physique.
INGRID MACINTOSH: J’aime cette explication. Pour surenchérir, je reviendrais sur le type d’innovation dont on a parlé au début, vous savez, l’automatisation d’une usine où on remplace ce que les gens peuvent faire physiquement. Ça augmente la productivité alors que la nouvelle technologie consiste plutôt à remplacer ou à passer outre. Approfondissons le sujet, Juliana. On a parlé plus spécifiquement de la technologie dans le secteur des semi-conducteurs. Mais pouvez-vous nous donner des exemples de ce que ça signifierait dans le secteur industriel ou dans d’autres secteurs, de façon plus générale? Autrement dit, à quoi ça pourrait ressembler à l’avenir?
JULIANA FAIRCLOTH: Bien sûr. Il y a une tonne d’exemples. Ils sont un peu moins tape-à-l’œil que les robots conversationnels, mais la robotique est implantée dans le secteur manufacturier depuis un certain temps déjà. Il y a en ce moment beaucoup de percées du côté de la visionique qui permettront à l’équipement lourd d’être opéré complètement à distance. L’équipement pourra reproduire la vision humaine et faire la distinction entre les divers obstacles sur le trajet. Donc, actuellement les gens sont grandement préoccupés par le nombre d’emplois que l’IA pourrait…
INGRID MACINTOSH: faire disparaître, n’est-ce pas?
JULIANA FAIRCLOTH: En même temps, certains emplois auraient peut-être avantage à être effectués par de l’équipement. Certains emplois dans les mines sont dangereux. Le travail effectué par certains humains sur les chemins de fer est dangereux. Et ça, ça devrait être automatisé. Pourquoi pas? Ce serait génial pour les gens, l’humanité et la société de pouvoir faire en sorte que les gens se retrouvent moins souvent dans des situations dangereuses.
Il y a des exemples très intéressants, par exemple, chez John Deere. Ça peut paraître peu fascinant, mais ils offrent maintenant des tracteurs qui utilisent la visionique pour pulvériser des pesticides uniquement sur les mauvaises herbes plutôt que sur l’ensemble du champ, ce qui a des répercussions sur la nourriture, sur le rendement des cultures et sur notre santé. Il y a de nombreuses occasions de digresser. Les exemples abondent, mais je vais m’arrêter là pour le moment.
INGRID MACINTOSH: Je pense qu’il est important de se permettre ce genre de digression, parce que, encore une fois, on aborde habituellement le sujet sur le plan de la technologie, de l’IA et du capital humain, mais comment le secteur des finances et les autres secteurs seraient-ils touchés? Vous pourriez peut-être nous parler un peu de ça?
JULIANA FAIRCLOTH: Je pense que l’occasion qu’offre l’IA... Il y a beaucoup d’applications qui utilisent l’IA et l’apprentissage automatique, qui analysent les données. Toutes les entreprises ont des données. Les entreprises financières ont des données; les sociétés de biens de grande consommation ont des données; toutes les entreprises ont leurs propres données. À l’heure actuelle, il est difficile pour un humain d’analyser ces données de façon efficace et dans leur intégralité.
Les sociétés du secteur financier utilisent des applications dotées d’IA pour détecter les fraudes ou déterminer à quelles personnes ou entreprises prêter en fonction de leur solvabilité. Tout ça peut être renforcé par l’intelligence artificielle. Mais, encore une fois, il y a un revers à la médaille, surtout avec l’analyse des données. Est-ce qu’on devrait s’inquiéter des préjugés que l’intelligence artificielle, au sein des banques, pourrait ancrer encore plus profondément dans le système? Ce sont des questions auxquelles les gens doivent penser, vous savez, tenir compte du côté sombre de l’IA qui ne contribue pas à améliorer les opérations de la banque. Ça peut potentiellement aider les gens à avoir accès au crédit. Mais il y a cette préoccupation que les préjugés seront renforcés…
INGRID MACINTOSH: Oui. C’est amplifié ou accéléré. Oui. Et je pense à différents cas d’utilisation, comme les recherches médicales qui sont faites pour trouver des traitements ou encore les recherches sur les placements. Vous savez, les analystes fondamentaux surveillent et cherchent des schémas précis. En théorie, l’IA peut recueillir les renseignements pour vous, mais elle pourrait aussi vous signaler des schémas différents, d’autres signaux à surveiller.
Je sais. Je veux vraiment qu’on se concentre sur ce qui se passe sur les marchés. Mais quand on pense à des choses comme la recherche fondamentale et les façons pour l’IA et les mégadonnées de contribuer dans ce domaine… Vitali, pouvez-vous nous en parler un peu?
VITALI MOSSOUNOV: Bien sûr. Comme Juliana et Julien peuvent le confirmer, ce sont des emplois très exigeants, qui demandent de nombreuses heures de travail, et on utilise de nombreux outils, tout particulièrement l’IA, mais aussi les compétences humaines.
INGRID MACINTOSH: L’intuition. Oui. Votre intuition, votre mémoire, votre instinct et votre expérience. Ils sont tous mis à contribution.
VITALI MOSSOUNOV: Comme vous l’avez dit, il est souvent question de reconnaître un schéma. Mais, en fin de compte, on fait des prévisions pour l’avenir. Jusqu’à présent, on a pu voir que l’IA est devenue bonne à prendre l’information, antérieure et actuelle, à l’institutionnaliser et à la traiter pour nous aider à éviter une partie du travail abrutissant, une partie du côté pénible de notre travail. On a déjà vu que les analystes fondamentaux pourraient utiliser des outils pour réduire le nombre d’heures travaillées, juste pour qu’on devienne plus efficace à obtenir ces perspectives et ces conclusions.
Au lieu de vous taper mille pages pour émettre une opinion, vous pourriez faire appel à l’intelligence artificielle pour vous orienter et faire ressortir ce que vous cherchez. Et c’est emballant, parce que ça élimine le travail que vous ne voulez pas faire. Ça vous permet de vous asseoir, de réfléchir et de faire des prévisions. Vous pouvez établir des perspectives et faire des recommandations de placement.
INGRID MACINTOSH: J’ai promis au début qu’on parlerait des répercussions de l’IA sur les marchés, les secteurs, l’économie et la nature du travail. Tout d’abord, si on pense aux horizons, vous savez, au point d’inflexion, quel effet cette évolution ou cette accélération de l’IA aura-t-elle en général sur les marchés? On va s’attarder ensuite à des secteurs précis, puis on va revenir à cette question plus générale.
INGRID MACINTOSH: Oui. Vitali, je pense que, comme on l’a promis au début, on veut parler un peu des répercussions sur les marchés, sur les secteurs et peut-être sur l’économie en général ou la société en général. Il va sans dire que nos auditeurs sont toujours à la recherche de thèmes de placement émergents. Donc, parlons des effets sur les marchés en général et les marchés boursiers en général. Je sais qu’on n’a pas de boule de cristal, mais qu’en pensez-vous? On pourra peut-être ensuite voir les effets particuliers sur certains secteurs plus touchés. Commençons comme ça.
VITALI MOSSOUNOV: C’est une excellente question. On essaie effectivement de prédire l’avenir. C’est donc une question des plus valables. Dans l’ensemble, on fait face à une technologie qui va favoriser l’automatisation et la productivité. Ces deux facteurs devraient contribuer à augmenter les marges bénéficiaires et la rentabilité des, disons, grandes entreprises de l’indice S&P 500. C’est bien sûr positif pour les revenus et, habituellement, les cours boursiers. Évidemment, d’autres facteurs entrent en jeu. Mais, de façon générale, ce sont des facteurs dont les effets bénéfiques se développeront au fil du temps.
La grande question reste à déterminer l’effet que l’IA aura sur chaque secteur. Comment ça va se passer? Comment le marché perçoit-il ces changements? Comme des changements perturbateurs? Dans ce cas, le marché pourrait être enclin à payer moins pour un flux de revenus parce que l’avenir est incertain. À moins que le marché devienne euphorique? Par le passé, on a vu des sommes excessives être versées par flux de revenus en périodes d’euphorie.
Toutes ces questions demeurent d’actualité. Mais, dans l’ensemble, je pense que ces facteurs auront un effet favorable sur ce qui compte vraiment dans les évaluations des entreprises, c’est-à-dire les bénéfices.
INGRID MACINTOSH: J’aimerais revenir sur ça. Au début du balado, vous avez parlé de certaines des tendances et des thèmes qu’on a vus au cours des dernières années. Encore une fois, les manchettes font dégénérer le comportement des investisseurs et augmentent la volatilité des marchés. Alors, comment fait-on pour savoir où regarder pour distinguer les vraies tendances émergentes des « perturbations »? Peut-être, Julien, que vous pourriez nous expliquer ce qu’il en est du côté des technologies dans le domaine des semi-conducteurs? Il y aura beaucoup de manchettes à ce sujet, mais comment est-ce qu’on peut faire valoir l’accent qu’on met sur la qualité et les aspects qu’on surveille ici?
JULIEN NONO-WOMDIM: Oui, il y aura certainement beaucoup de manchettes à ce sujet. Comme on le disait plus tôt, le secteur des semi-conducteurs existe depuis environ 50 ans et a historiquement connu une croissance plus rapide que le marché alors que la technologie a pénétré le marché. Assez curieusement, il est extrêmement difficile de savoir, à tout moment donné, ce qui engendrera une percée technologique. D’une manière ou d’une autre, dans le cas présent, c’est l’intelligence artificielle.
Certains en bénéficieront. Et les résultats de l’entreprise ont démontré que la demande pour les puces qui alimentent ces moteurs intelligents est extrêmement élevée. Donc, pour nous, il s’agit de reconnaître le contexte de la demande pour la technologie et de reconnaître que certaines entreprises vont en profiter. Mais en fin de compte, à long terme, c’est un processus qui consiste à analyser la future fiabilité des flux de trésorerie de ces entreprises, d’établir une certaine confiance concernant leur viabilité et d’estimer comment ça va se matérialiser, puis d’y attribuer un degré de risque.
Je pense que c’est très intéressant de voir la technologie changer. Mais le processus de placement, lui, n’a pas vraiment changé. Vitali, qu’en pensez-vous?
VITALI MOSSOUNOV: Je pense que vous soulevez un excellent point, un point qu’on devrait souligner. Parce que, en fin de compte, on a une importante équipe d’analystes qui effectue des recherches fondamentales rigoureuses. C’est pour cette raison qu’on a les meilleures sociétés du monde dans nos portefeuilles de placement. Au cours des dernières années, on a commencé à parler dans ce balado des divers cycles d’engouement pour les différentes technologies, comme la cryptomonnaie et les chaînes de blocs. Grâce au processus qu’on a mis en place à Gestion de Placements TD, on a complètement évité toutes ces bulles d’attention qui ont éventuellement éclaté.
Avec l’intelligence artificielle, on applique la même rigueur quand on investit. À partir de maintenant, Ingrid, de nombreuses actions vont doubler, tripler, quadrupler et monter en flèche sans aucun mérite. Mais il y aura un prix à payer au bout du compte. On n’a pas l’intention de participer à la hausse ou à la baisse des actions de ces entreprises, mais il y a d’autres entreprises qui présentent de réelles occasions d’affaires en cette période d’innovation continue, et ce sont les actions de ces entreprises qu’on intègre à nos portefeuilles pour nos investisseurs.
INGRID MACINTOSH: Oui, je pense que c’est essentiel de comprendre l’accent qu’on met sur la recherche et la qualité. J’aimerais qu’on revienne un peu sur les semi-conducteurs, Julien. La forte demande pour les semi-conducteurs. Comment ça se passe sur le plan des matières premières? Est-ce que la capacité de fabrication de certains fournisseurs est touchée?
JULIEN NONO-WOMDIM: De nombreuses matières premières sont utilisées dans les semi-conducteurs, la plus importante étant [INAUDIBLE].
INGRID MACINTOSH: Et c’est une matière qui abonde sur la planète.
JULIEN NONO-WOMDIM: C’est une chaîne d’approvisionnement complexe. Et assurément, la quantité de produits finis va augmenter. Mais, encore une fois, c’est un domaine où le secteur a trouvé des façons d’innover. Au début de la crise entre la Russie et l’Ukraine, on craignait de manquer de gaz néon. Ces préoccupations se sont apaisées. Le secteur a trouvé des façons de recycler, ce qui permet maintenant de parler de choses comme les ESG.
Et, en fait, l’intelligence artificielle aide le processus de fabrication, la bonne conception des semi-conducteurs, à devenir plus efficace. C’est un peu circulaire dans ce sens-là. Et même si j’aimerais pouvoir dire s’il y a un risque lié aux matières premières, je ne le sais pas.
INGRID MACINTOSH: Oui, ce n’est pas comme les VÉ et le lithium. Ce n’est pas comme ça. On ne manque pas des matières premières dont on a besoin.
JULIEN NONO-WOMDIM: Essentiellement, oui, il y en a beaucoup. Et, dans le cas contraire, l’innovation va permettre de contourner le manque.
JULIANA FAIRCLOTH: Vous mentionnez les VÉ et ça me fait penser aux produits industriels et à l’économie industrielle. Les matières premières ne jouent peut-être pas un rôle clair du côté des semi-conducteurs, mais la capacité, elle, n’est pas nécessairement suffisante. Aux États-Unis, la loi pour relancer la production de semi-conducteurs (la CHIPS and Science Act) a été passée afin d’améliorer cet aspect de façon plus générale en Amérique du Nord.
Mais il faut beaucoup d’investissements et de dépenses pour produire la quantité imposante de semi-conducteurs dont on a besoin. Il faut dépenser massivement dans les centres de données et toute cette infrastructure. C’est de l’argent qui fait rouler l’économie, c’est certain. Ce n’est peut-être pas lié à une matière première précise, mais il y a beaucoup d’investissements dans l’infrastructure.
JULIEN NONO-WOMDIM: Et je pense que l’autre élément à prendre en considération, c’est que, quand on parle de l’automatisation de certains emplois, il y a un effet négatif. Mais, quand on bâtit l’infrastructure associée à ces investissements, des emplois sont créés. Je pense qu’il est important de nuancer notre façon de considérer les avantages et les désavantages.
INGRID MACINTOSH: Il y a aussi l’agilité ou la capacité des gens à changer leurs compétences pour évoluer avec le contexte. Avant de conclure, Juliana, parlez-nous rapidement des autres secteurs qui, selon vous, seront les plus touchés par l’accélération de cette révolution.
JULIANA FAIRCLOTH: Je vois vraiment une répercussion sur presque tous les secteurs. Pensez simplement à un modèle d’affaires générique, à la possibilité d’utiliser l’automatisation et l’intelligence artificielle pour améliorer la rentabilité et la marge bénéficiaire d’une entreprise en automatisant des emplois ou en simplifiant ou en accélérant grandement un processus. Ce serait une répercussion générale sur nombre de secteurs.
Je pense qu’il sera intéressant pour les entreprises d’observer, ou peut-être pour un analyste d’observer, comment différentes entreprises choisissent d’investir dans leurs propres produits et d’innover pour mettre à profit l’IA dans le domaine de la consommation. Il y a de nombreuses occasions, pour différentes entreprises, d’être à la fine pointe sur différents plans.
Je lisais des articles sur des sujets très variés en me préparant pour ce balado. Et j’ai trouvé ça intéressant d’apprendre que Carlsberg utilise l’intelligence artificielle et des capteurs pour déguster la bière et la sélectionner à la place des gens. Ça leur permet de trouver des bières 30 % plus rapidement qu’avant.
VITALI MOSSOUNOV: Je veux cet emploi.
JULIANA FAIRCLOTH: Bien sûr, ce n’est pas une innovation révolutionnaire ni essentielle pour la société, mais--
INGRID MACINTOSH: Cela témoigne du processus de réflexion de l’équipe de direction.
JULIANA FAIRCLOTH: C’est exact.
INGRID MACINTOSH: Oui.
JULIANA FAIRCLOTH: Et il y a des occasions partout, même dans une brasserie où une partie du travail peut être automatisée. Ils n’ont plus besoin de goûteurs de bière.
JULIEN NONO-WOMDIM: Il y a quelques années, IBM a travaillé avec des chefs. Ils [INAUDIBLE] pour déterminer des ingrédients qui se mariaient bien, d’un point de vue du goût. Ça a donné des combinaisons plutôt étranges, comme la roquette et le poivron vert.
INGRID MACINTOSH: Ouais... Personne ne se serait levé un matin en se disant « Essayons ça ». Mais les données vous amènent là. C’est fascinant. Je pense qu’on a parlé des différents secteurs. Des effets positifs, entre autres sur les marges bénéficiaires et la productivité, mais on revient toujours sur le bouleversement des emplois. Ça doit avoir un effet négatif sur l’économie. Vitali, qu’en pensez-vous?
VITALI MOSSOUNOV: Ça dépend beaucoup de votre tendance à la controverse. C’est un sujet dont parle tout le temps la TD, je crois. La réponse typique est que chaque cycle d’innovation et de perturbation du passé a entraîné la suppression d’emplois. Ça a été une période difficile pour certains. Mais de nouveaux emplois se sont créés, et habituellement en plus grand nombre.
En 1900, en Angleterre, il y avait plus de 100 000 calligraphes et dactylos. Des emplois qui, bien sûr, n’existent plus depuis 20 ou 30 ans. Et pourtant, on est encore là aujourd’hui. Personnellement, j’ai tendance à croire que ça entraînera du chômage pendant des décennies.
D’un point de vue général, c’est la première fois qu’on a une technologie qui est un outil d’automatisation en soi. On parlait tantôt de gains de rentabilité et de productivité pour les entreprises. Ça veut dire que, potentiellement, il y aura moins d’emplois. Et on voit déjà des entreprises qui confirment ça. [INAUDIBLE] On peut donc rendre notre personnel actuel beaucoup plus productif. Donc, vous pourriez dire que je suis, à long terme, optimiste pour les bénéfices, mais pessimiste pour l’emploi, ce qui m’amène à dire qu’on devrait faire un autre balado sur tous les problèmes de société que ça...
INGRID MACINTOSH: Eh bien, je pense à, pendant qu’on discute, je pense à tout ce qu’on devrait avoir en plus grand nombre dans notre société et qui ne peut pas être automatisé. Vous ne pouvez certainement pas automatiser la recherche médicale. Vous ne pouvez pas automatiser les soins infirmiers en soi. Vous ne pouvez pas automatiser les soins aux aînés et de nombreuses autres choses. Je pense donc qu’il reste encore beaucoup de bonnes conversations à avoir sur les répercussions de l’accélération de l’intelligence artificielle et de l’accélération de la productivité. J’aimerais donc vous accueillir de nouveau lors d’un prochain balado pour poursuivre la conversation, si vous êtes d’accord.
VITALI MOSSOUNOV: Ça serait formidable.
INGRID MACINTOSH: Avez-vous des observations finales ou, vous savez, des points que vous aimeriez que les auditeurs retiennent à ce moment-ci?
VITALI MOSSOUNOV: J’espère que ce que vos auditeurs ont pu tirer de la discussion d’aujourd’hui, et surtout avec Julien et Juliana, c’est toute la réflexion qu’on fait lors de notre processus de recherche et qui se trouve derrière les occasions de placement. Pour Julien, il était question des semi-conducteurs et, pour Juliana, des technologies fondamentales et de l’architecture de la situation... Ils faisaient allusion à... Enfin, ils ne l’ont pas dit de façon explicite aux auditeurs, mais il y aura différents cycles de placement pendant l’évolution de l’IA. Les semi-conducteurs seront comme la pelle pour les prospecteurs lors de la ruée vers l’or. Et Juliana a mentionné la nécessité d’accroître la capacité dans de nombreux secteurs industriels.
Ensuite, il y aura d’autres types d’infrastructures et de plateformes, de systèmes d’exploitation et d’applications. Je dis tout ça, d’abord, pour vous féliciter pour l’extraordinaire travail que vous faites, mais aussi pour rappeler aux investisseurs qu’on traverse actuellement une période sans précédent en ce qui a trait à la complexité des affaires, à la rapidité, au rythme des perturbations et à la complexité de la recherche et de l’analyse des placements. Et on investit de notre côté pour nous assurer d’être prêts.
INGRID MACINTOSH: Je pense que c’est essentiel. Et je pense aux questions futures qu’on veut vraiment se poser. L’une des choses que je retiens de notre conversation, c’est que l’intelligence artificielle – et sa croissance – n’est pas seulement un thème de placement. C’est un prisme au travers duquel il faut regarder tous les investissements. N’est-ce pas? Ce qui fait référence à votre point, Juliana. Donc, un aspect sur lequel on veut revenir. Merci à tous de vous être joints à moi aujourd’hui.
JULIANA FAIRCLOTH: Merci.
INGRID MACINTOSH: Et pour nos auditeurs, vous trouverez nos plus récents commentaires et points de vue sur le site de Gestion de Placements TD, ainsi que d’autres commentaires et articles de leadership éclairé. Vous pouvez nous suivre sur Twitter, à @tdam_canada, et sur LinkedIn, à Gestion de Placements TD. Merci à tous et bonne journée!
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Le présent balado peut contenir des déclarations prospectives qui sont de nature prévisionnelle et pouvant comprendre des termes comme « prévoir », « s’attendre à », « compter », « croire », « estimer », ainsi que les formes négatives de ces termes. Les déclarations prospectives sont fondées sur des prévisions et des projections à propos de facteurs généraux futurs concernant l’économie, la politique et les marchés, comme les taux d’intérêt, les taux de change, les marchés boursiers et financiers, et le contexte économique général; on suppose que les lois et règlements applicables en matière de fiscalité ou autres ne feront l’objet d’aucune modification et qu’aucune catastrophe ne surviendra. Les prévisions et les projections à l’égard d’événements futurs sont, de par leur nature, assujetties à des risques et à des incertitudes que nul ne peut prévoir.
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