Voitures volantes, marché boursier sur Mars et autres scénarios probables
Nous avons bien que, pour certaines personnes, prédire l’avenir des placements s’apparente à lire la météo dans une boule de cristal. Mais ça ne nous empêche pas d’essayer. Nous avons invité quelques-uns des penseurs les plus perspicaces de Gestion de Placements TD Inc. (GPTD) à mettre de côté leurs feuilles de calcul et leurs boules de cristal pour répondre à deux questions qui nous projettent au-delà du trimestre prochain et dans la prochaine décennie.
Ambitieux - À votre avis, quel est l'élément ou le changement majeur qui va perturber le monde des placements dans les dix prochaines années? |
Audacieux - À quoi l’univers des placements va-t-il ressembler d’ici 2035 d’après votre prédiction la plus audacieuse et la plus étonnante? Y aura-t-il des voitures volantes? L’intelligence artificielle (IA) va-t-elle propulser la gestion de fonds? Y aura-t-il un marché boursier sur Mars? Rien n’est trop saugrenu. C’est parti! |
Ambitieux : À votre avis, quel est l'élément ou le changement majeur qui va perturber le monde des placements dans les dix prochaines années?
MICHAEL : Les économies mondiales hors États-Unis investissent massivement dans leur autonomie en cherchant à développer des chaînes d’approvisionnement durables et à stimuler la demande intérieure. Les répercussions sur les placements risquent d’être profondes.
Les investisseurs pourraient injecter des capitaux dans les marchés émergents et à revenus moyens qui développent leurs secteurs des infrastructures, des énergies propres, de la fabrication et de la consommation à l’échelle nationale. Des pays comme le Canada, l’Allemagne, la France et le Japon, qui placent régulièrement leur épargne aux États-Unis, pourraient profiter largement de flux de capitaux. Les sociétés mondiales fortement tributaires de la demande américaine s’exposent à des difficultés, tandis que les champions nationaux et les acteurs régionaux peuvent s’attendre à des rendements exceptionnels.
Du point de vue des solutions de placement, les fonds négociés en bourse (FNB) et les fonds thématiques plus localisés pourraient bien prendre de l’expansion. On pense, par exemple, à un regain des fonds axés sur l’autonomie : production nationale, rapatriement des activités au pays, infrastructures régionales et transition énergétique, en particulier en Europe et au Canada. De plus, les investisseurs devront composer avec la nouvelle donne géopolitique et diversifier leur exposition aux devises. La domination du dollar risque donc de s’atténuer au profit de stratégies multidevises alignées sur de nouveaux blocs économiques.
L’abandon de la dépendance envers les États-Unis au profit de l’investissement local dans le « reste du monde » pourrait rééquilibrer les flux de capitaux, décentraliser la croissance et créer des occasions de production d’alpha, en particulier pour les investisseurs prêts à s’aventurer au-delà des marchés occidentaux traditionnels.
KEVIN : Selon moi, un défi se profile dans la prochaine décennie : l’utilisation exponentielle de l’IA par les individus, les entreprises et les acteurs étatiques comme arme de désinformation. Nous allons tous être submergés par cette vague d’information trompeuse et factice, gonflée par les hallucinations des modèles d’IA. Je m’attends à ce que bientôt, plus de 90 % du contenu (texte, image, vidéo et audio) soit généré par l’IA. Dans un monde où l’exactitude, la partialité et la manipulation nous préoccupent tous de plus en plus, comment pourrons-nous distinguer le vrai du faux?
Je vois deux solutions. Il existe peu d’outils qui permettent de vérifier de façon fiable le contenu généré par l’IA en temps réel, en particulier dans l’ensemble des formats (texte, image, vidéo). Une partie de la solution se trouve dans des outils comparables aux logiciels antipourriel et antivirus. Ces outils joueront sans doute un rôle essentiel pour renforcer le capital de confiance à l’égard de l’économie axée sur l’IA. Le potentiel se chiffre en milliards de dollars.
Aspect tout aussi important, il faudra être capable de créer des marques qui sont des sources fiables de contenu. Les influenceurs, les professionnels des médias et les entreprises qui pourront prouver l’exactitude de leur contenu – ou réfuter rapidement les faussetés – gagneront la confiance du public et détiendront un avantage énorme dans les marchés saturés.
VITALI : Le citoyen et l’investisseur moyens pensent que l’IA va créer de l’emploi. Historiquement parlant, les révolutions technologiques ont bouleversé le marché de l’emploi à court terme, mais ont créé plus d’emplois qu’elles n’en ont éliminés à long terme. Par exemple, lors de la révolution industrielle, les emplois manuels abolis dans le textile ont débouché sur des postes dans la gestion d’usines, l’ingénierie et la logistique.
Pourquoi en irait-il autrement aujourd’hui? Historiquement, les nouvelles technologies ont relevé le niveau de vie, élargi la classe moyenne et créé des emplois grâce à la hausse de la consommation. De plus, depuis 50 ans, l’innovation numérique a créé beaucoup de complexité, et d’innombrables emplois, dans le monde. Aujourd’hui, ces deux tendances favorables à l’emploi – consommation et complexité – sont mises à l’épreuve. Si la consommation s’approche d’un plafond, la complexité dans toutes les sphères de la société est dans la mire de l’IA, qui a pour mission de tout simplifier.
Les choses vont évoluer lentement, mais je pense que les avantages au cours des prochaines décennies seront du côté du capital plutôt que de l’emploi, qui sera soumis de plus en plus à la marchandisation. Les répercussions pour la société, les gouvernements et les bénéfices des sociétés sont multiples.
HUSSEIN : La croissance rapide de l’IA exige une puissance informatique sans précédent, ce qui exerce une pression intense sur les infrastructures énergétiques mondiales. Très énergivores, les centres de données qui alimentent les modèles d’IA sont souvent concentrés dans des régions où la production d’électricité est déjà fortement sollicitée. Cette explosion de la demande limite la disponibilité, ce qui contribue à la hausse et à la volatilité des prix de l’énergie, alors que les réseaux électriques peinent à suivre le rythme.
Parallèlement, cette dynamique accélère les investissements dans les solutions de stockage et de protection pour les réseaux électriques, qu’il s’agisse de batteries ou d’autres systèmes de secours. Le potentiel de croissance est considérable. Plus l’IA se développe, plus les systèmes énergétiques doivent être stables, souples et résilients, ce qui place les technologies de stockage et les infrastructures énergétiques parmi les secteurs de croissance essentiels dans une économie axée sur l’IA.
Audacieux : À quoi l’univers des placements va-t-il ressembler d’ici 2035 d’après votre prédiction la plus audacieuse et la plus étonnante? Y aura-t-il des voitures volantes? L’intelligence artificielle (IA) va-t-elle propulser la gestion de fonds? Y aura-t-il un marché boursier sur Mars? Rien n’est trop saugrenu. C’est parti!
MICHAEL : Si les États-Unis adoptent une position plus isolationniste et que la domination du dollar américain dans le commerce mondial s’atténue, le règlement des opérations internationales pourrait se faire au moyen d’autres systèmes. L’émergence de monnaies numériques adossées à un panier mondial de devises constitue l’une des options les plus plausibles pour combler ce vide.
Une monnaie numérique adossée à un panier, comme des droits de tirage spéciaux, mais en version numérique, pourrait offrir une solution de rechange plus stable et politiquement neutre que le dollar américain et réduire l’exposition aux politiques monétaires ou aux décisions géopolitiques d’un pays donné. Les gouvernements et les banques centrales peuvent en profiter pour établir un système de monnaie numérique de banque centrale interopérable et faisant appel à une architecture neutre et fondée sur des règles. Ensuite, une institution supranationale ou un consortium de banques centrales pourrait émettre une monnaie commerciale numérique adossée à une composition pondérée de grandes devises (p. ex. euro, yuan, yen, roupie et un volet en dollars américains).
Si le commerce mondial a besoin d’une devise neutre, numérique et moins politisée pour remplacer le dollar américain, une monnaie numérique adossée à un panier représente une évolution crédible et de plus en plus réaliste. Ce changement ne se fera pas à court terme. Mais, si le dollar américain fléchit, en raison des politiques ou des perceptions, cette architecture pourrait définir la prochaine ère de mondialisation.
KEVIN : Je pense que l’IA va mener à des « vaccins » pour la plupart des cancers d’ici 2035. En ce qui concerne les effets de premier ordre, ces percées entraîneraient un déplacement massif du capital. De nombreux titres des secteurs de la biotechnologie et des soins de santé connaîtraient une forte hausse et attireraient d’importants investissements de la part des investisseurs institutionnels et individuels. Les sociétés traditionnelles spécialisées dans le traitement du cancer risquent de décliner, tandis que les entreprises en démarrage et celles qui œuvrent dans l’immunothérapie, l’édition génique et la médecine personnalisée deviendraient des cibles de choix pour les placements. Globalement, on assisterait à un nouvel essor du secteur de la biotechnologie, comme la remontée des titres de sociétés produisant des vaccins après la COVID-19, mais à une échelle plus vaste et durable.
En ce qui concerne les effets de deuxième ordre, ils rivaliseraient avec ceux des antibiotiques et des vaccins contre les maladies infectieuses, ouvrant une nouvelle ère de santé, de longévité et d’espoir. Un allongement de 10 ans de l’espérance de vie moyenne viendrait révolutionner notre façon de penser l’éducation, le travail et la retraite.
VITALI : Le divertissement est en passe de devenir beaucoup plus personnel. L’IA ne va pas seulement changer ce qu’on regarde, elle va modifier la façon de concevoir, de personnaliser et de consommer le contenu. Les modèles d’IA vont traquer vos préférences et générer des personnages, des histoires ou même des fins adaptées à votre personnalité et à votre humeur. Vous n’avez pas aimé la fin de la série télé Succession? Vous auriez préféré que Walter White l’emporte dans la série Breaking Bad? L’IA peut changer le scénario – rien que pour vous.
Et grâce aux progrès de la réalité virtuelle et augmentée, vous ne ferez pas que regarder – vous entrerez dans vos mondes préférés. Vous pouvez être un Jedi dans Star Wars, un détective dans True Detective, ou prendre la vedette dans une nouvelle saison de la série The Office. L’IA vous fait quitter l’auditoire pour vous donner le rôle principal.
HUSSEIN : Si la prochaine décennie est marquée par la stagflation mondiale – une inflation élevée persistante et une faible croissance – alors que les États-Unis vont d’une crise à l’autre et que la Chine compose avec des problèmes structurels plus profonds que prévu, l’économie mondiale pourrait se fragmenter, céder à la volatilité et craindre le risque.
La faible croissance mondiale devient la norme en raison d’une productivité faible et d’une demande anémique des consommateurs. L’inflation persiste, alimentée par les chocs de l’offre, les pressions sur les produits de base et la démondialisation. Les outils de politique monétaire perdent en efficacité, les banques centrales étant coincées entre le soutien à la croissance et la lutte contre l’inflation. La confiance envers les États-Unis et la Chine s’étiole, ce qui ébranle l’ordre économique.
Du point de vue des placements, les actifs réels et les remparts contre l’inflation (produits de base, or, infrastructures, etc.) affichent des rendements supérieurs. La diversification géographique devient essentielle. Les investisseurs se tournent vers des économies plus petites, plus stables et bien positionnées du point de vue des politiques et de la démographie (p. ex. le Canada, l’Inde et une partie du Moyen-Orient). La volatilité devient structurelle et avantage les stratégies agiles, comme la gestion active et les placements alternatifs. Par ailleurs, les rendements boursiers diminuent, en particulier les indices tournés vers les États-Unis et la Chine, tandis que les secteurs non traditionnels et les marchés d’avant-poste offrent des poches de croissance.
Dans cet univers, la résilience, l’adaptabilité et une perspective mondiale sont essentielles pour les investisseurs. GPTD place cette réflexion au premier plan.
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