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Huit façons d’utiliser votre REER

L’un des avantages à long terme les plus évidents que présentent les placements dans un régime enregistré d’épargne-retraite (REER) est leur effet composé sur votre épargne au fil du temps. Après une décennie ou plus de cotisations périodiques et la prise de décisions bien réfléchies, vous pourriez même avoir accumulé une épargne impressionnante.
C’est formidable et vous avez de quoi vous réjouir, mais il y a peut-être d’autres mesures à prendre pour valoriser encore davantage votre REER.
Nous savons aussi que certaines subtilités des REER continuent d’échapper à une portion importante de la population. Selon un sondage du Groupe Banque TD, au Canada, 30 % des gens affirment qu’ils ne comprennent pas bien le fonctionnement des REER et, plus précisément, leurs répercussions fiscales.1 Mais même si les principes ne vous sont pas totalement étrangers, certaines des tactiques moins connues ci-dessous pourraient vous aider à mieux profiter de votre épargne.
Nous avons récemment rencontré plusieurs professionnels de Gestion de patrimoine TD et leur avons posé huit de nos plus importantes questions sur la meilleure façon d’utiliser un REER. Voyons leurs réponses.
Devrais-je changer ma stratégie de placement dans mon REER à l’approche de la retraite?
Par prudence, la plupart des investisseurs délaissent traditionnellement les placements très risqués et se tournent vers des placements moins volatils à l’approche de leur préretraite. Bien que certains volets de cette approche demeurent importants, vous pourriez adopter une autre stratégie. Par exemple, il faut tenir compte de l’espérance de vie, qui est plus longue que celle des générations précédentes. En outre, de manière générale, les gens restent désormais en santé plus longtemps. Cela signifie que vous devrez faire durer plus longtemps votre épargne-retraite. Par ailleurs, vous pourriez aussi avoir besoin qu’une partie de votre épargne continue de croître pendant un certain temps, alors que vous serez à la retraite. Votre stratégie de placement personnelle dépend du montant que vous prévoyez de dépenser à la retraite : les coûts peuvent augmenter, que ce soit au début de votre retraite, alors que vous ferez peut-être beaucoup d’activités, ou plus tard, lorsque vos frais médicaux augmenteront.
Nicole Ewing, conseillère principale, Bureau de la planification du patrimoine, Gestion de patrimoine TD, explique que les changements apportés à votre stratégie de placement dans votre REER dépendront grandement de votre profil de risque, de votre horizon de placement, de vos besoins en matière de revenu, ainsi que de nombreux autres facteurs. Mais elle ajoute que « c’est vraiment là qu’un planificateur financier ou un conseiller en placement peut apporter une valeur ajoutée appréciable, en vous aidant à déterminer la meilleure façon de répartir votre actif, car certains de ces facteurs, voire tous ces facteurs, évoluent au fil du temps. »
LE SAVIEZ-VOUS?
Les REER ont été lancés en 1957. À l’époque, on parlait de « rentes de retraite enregistrées » et elles étaient destinées à aider les travailleurs autonomes sans régime de retraite à épargner pour leurs vieux jours. 2
Source : Statistique Canada
Est-ce que j’ai l’obligation de demander la déduction correspondant à mes cotisations REER l’année même où je les fais?
« Non. Si vous vous attendez à ce que votre revenu imposable global augmente au cours d’une année subséquente, il pourrait être avantageux de cotiser à votre REER comme d’habitude, mais d’attendre de vous retrouver dans une fourchette d’imposition supérieure pour demander la déduction d’impôt », explique Mme Ewing. De même, si au cours d’une année donnée, vous gagnez moins que d’habitude (par exemple, en raison d’une mise à pied ou d’un congé autorisé), vous pourriez envisager d’attendre pour demander la déduction.
« En général, plus votre taux d’imposition marginal est élevé, plus l’impact de chaque dollar de déduction au titre des REER sera grand. » Tout cela pour dire qu’il peut être important de planifier de façon stratégique à la fois vos cotisations REER et vos demandes de déductions connexes.
LE SAVIEZ-VOUS?
Pour 2025, le plafond annuel de cotisation à un REER est de 32 490 $. 3
Votre plafond de cotisation REER correspond à 18 % de tout revenu avant impôt gagné au cours de l’année précédente. Les droits de cotisation inutilisés peuvent être reportés.
Source : Comment fonctionne un REER? 2025, Groupe Banque TD
Y a-t-il un avantage à convertir mes REER en FERR plus tôt?
Comme vous le savez peut-être, au Canada, les titulaires d’un REER doivent le convertir en instrument de revenu de retraite, par exemple un fonds enregistré de revenu de retraite (FERR), au plus tard le 31 décembre de l’année où ils atteignent l’âge de 71 ans. Vous pouvez devancer cette conversion et faire des retraits annuels périodiques, mais vous devez savoir que cela présente certains risques.
Georgia Swan, planificatrice spécialiste de la fiscalité et des successions, Gestion de patrimoine TD, révèle que, même s’il peut parfois être justifié de convertir un REER en FERR plus tôt, il faut bien réfléchir avant de prendre une telle décision : « Ça dépend de beaucoup des choses. », insiste-t-elle.
Disons, par exemple, que vous avez pris votre retraite plus tôt et avez besoin d’un revenu supplémentaire. Dans cette situation, Mme Swan convient qu’il pourrait être logique de procéder à une conversion anticipée parce que vous ne paierez pas d’impôt sur vos retraits minimums du FERR, alors que ce sera le cas si vous faites des retraits de votre REER.
La situation de votre conjoint pourrait aussi justifier une conversion précoce. Si votre conjoint est plus jeune que vous, mentionne-t-elle, vous pourriez envisager de convertir votre REER en FERR à l’avance et d’utiliser son âge pour réduire le montant de vos retraits minimums, ce qui réduirait le montant d’impôt à payer. Voici comment cela pourrait fonctionner : Le retrait minimum à faire en vertu d’un FERR est fonction de l’âge. Plus vous avancez en âge, plus le montant de vos retraits minimums augmente. Cependant, quand l’écart d’âge entre les deux conjoints est important, le plus âgé peut choisir d’utiliser l’âge du plus jeune dans le calcul du montant des retraits de son FERR. « Cela pourrait vous permettre d’étaler votre revenu sur une plus longue période et de réduire votre fardeau fiscal », dit-elle.
Elle ajoute que toute personne envisageant de convertir son REER plus tôt devrait tenir compte de sa propre longévité et de l’incidence que celle-ci pourrait avoir sur son épargne. Si le montant dans votre REER est important, il pourrait être intéressant de le convertir et de commencer à faire des retraits plus tôt. Si vous craignez que votre état de santé affecte la durée ou la qualité de votre retraite, vous pourriez vouloir en tenir compte également.
Toutefois, Mme Swan met en garde les personnes qui sont impatientes de convertir leur REER : Si vous commencez à retirer des fonds de vos FERR pendant que vous travaillez encore, vous risquez de payer un montant d’impôt inutilement élevé.
« C’est vraiment un calcul à faire. Il faut tenir compte de toutes les variables avant de prendre votre décision. »
LE SAVIEZ-VOUS?
Le Fonds indiciel canadien TD, le plus ancien fonds commun de placement permanent du Groupe Banque TD, a été créé en 1985. 4
Source : Fonds indiciel canadien TD, Gestion de Placements TD, aperçu du fonds, juillet 2024
Qu’advient-il de mes REER et FERR à mon décès?
Selon Mindi Banach, planificatrice spécialiste de la fiscalité et des successions, Gestion de patrimoine TD, tout dépend du bénéficiaire désigné. Si votre conjoint est votre seul bénéficiaire (ou rentier successeur), il peut transférer les fonds dans son REER ou son FERR en franchise d’impôt. Elle précise toutefois que pour avoir droit à l’exemption d’impôt, votre conjoint devra transférer les fonds directement dans un REER ou un FERR à son nom. S’il n’a ni l’un ni l’autre, ce ne sera pas possible.
Elle ajoute que, quand le bénéficiaire n’est pas le conjoint du défunt, les fonds dans les comptes sont généralement considérés comme un revenu pour la succession et imposés en conséquence. « Et s’il n’y a pas assez d’argent dans la succession pour payer l’impôt, ça devient compliqué. L’Agence du revenu du Canada pourrait demander aux bénéficiaires des fonds des régimes enregistrés de payer l’impôt eux-mêmes. »
Enfin, s’il n’y a pas de bénéficiaire désigné ou si le bénéficiaire désigné est la succession, les fonds du REER et du FERR seront versés à la succession. Il pourrait y avoir des frais d’homologation et de l’impôt à payer au préalable.
Quelle différence y a-t-il entre désigner son conjoint ou conjoint de fait comme bénéficiaire désigné ou comme rentier successeur?
Un rentier successeur* est un conjoint ou conjoint de fait qui est désigné pour devenir propriétaire du REER ou du FERR au décès de son conjoint. « L’avantage, c’est que le portefeuille de placement dans le REER ou le FERR reste intact; le transfert des placements est fait en nature », déclare Mme Swan. Par conséquent, il n’y a aucune facture d’impôt à payer au moment du transfert.
Quant au bénéficiaire désigné, il peut s’agir de n’importe qui. Au décès, le REER ou le FERR est fermé, et les fonds sont versés au bénéficiaire. S’il ne s’agit pas d’un survivant admissible (c’est-à-dire le conjoint, le conjoint de fait, ou un enfant ou petit-enfant financièrement à charge), la succession devra payer l’impôt requis sur ces fonds avant qu’ils ne soient remis au bénéficiaire. Selon Mme Swan, il peut être surprenant de réaliser qu’il est parfois plus avantageux de désigner son conjoint comme bénéficiaire plutôt que comme rentier successeur. « Déjà, peut-être qu’il voudra générer un certain revenu au décès de son conjoint. Et dans ce cas, comme bénéficiaire il a la possibilité de ne pas transférer les fonds dans son REER ou son FERR. S’il est rentier successeur, il n’a pas le choix. »
Elle indique également que, si votre conjoint est désigné comme bénéficiaire, il pourra, dans certaines circonstances choisir d’être traité en tant que rentier successeur. L’inverse n’est pas possible.
*Veuillez noter que les définitions de « rentier successeur » et de « bénéficiaire » ci-dessus sont valables dans tous les territoires de compétence, sauf au Québec où les bénéficiaires de fonds enregistrés ne sont reconnus que s’ils sont désignés dans un testament.
LE SAVIEZ-VOUS?
En 2022, 6,2 millions de personnes au Canada ont cotisé à un REER. 5
Source : Statistique Canada
Est-il possible de trop cotiser à un REER? Que se passe-t-il, le cas échéant?
« Oui, c’est possible de trop cotiser à un REER », confirme Mme Swan. Bien qu’il soit avantageux sur le plan fiscal de cotiser à un REER, elle rappelle que les retraits sont imposables en tant que revenu régulier, à un taux certes plus bas s’ils ont lieu à la retraite. Cet aspect est important, car si le revenu vient de dividendes ou de gains en capital (qui font habituellement l’objet d’un traitement fiscal plus avantageux), vous en perdez l’avantage fiscal au moment du retrait. Elle fait aussi remarquer que, si vous versez des cotisations excédentaires à votre REER, vous devrez quand même retirer ces fonds de votre FERR aux intervalles et aux montants prescrits. « Plus vous vieillissez, plus vous devez retirer des fonds de votre FERR, que vous en ayez besoin ou non ». L’incidence d’un taux d’imposition plus élevé pourrait également être aggravée si vous touchez aussi des prestations de pension ou d’autres revenus de placement.
Les fonds excédentaires dans votre REER et votre FERR peuvent par ailleurs constituer un problème à votre décès, prévient-elle. « Supposons qu’il reste 500 000 $ dans votre FERR à votre décès et que votre fille est votre bénéficiaire désignée. Elle recevra 500 000 $, mais ce montant figurera aussi en tant que revenu dans votre dernière déclaration de revenus. Vu l’importance du montant, votre taux d’imposition sera beaucoup plus élevé. » Voilà pourquoi de nombreuses personnes tentent de vider leur FERR pendant leur retraite. En fin de compte,
« si vous vous concentrez trop sur la planification annuelle, plutôt que sur la planification à long terme, les conséquences fiscales pourraient être significatives. »
Quand devrais-je investir dans un CELI plutôt qu’un REER?
Bien que les REER et les comptes d’épargne libre d’impôt (CELI) aient certaines caractéristiques en commun, ils diffèrent suffisamment pour justifier une certaine réflexion au moment de choisir le véhicule de placement approprié (et de déterminer quand l’utiliser). Les CELI s’avèrent souvent utiles pour les objectifs d’épargne à court et à moyen terme, car aucun impôt n’est perçu sur les retraits. Pour la même raison, ils peuvent aussi constituer un bon endroit pour conserver un fonds d’urgence.
Un REER – comme son nom le sous-entend – est plus utile pour épargner en vue de la retraite, car l’impôt est reporté jusqu’à un moment où vous vous retrouverez (probablement) dans une tranche d’imposition inférieure. Il peut aussi être utilisé pour faciliter l’achat d’une propriété, grâce au Régime d’accession à la propriété, ou un retour aux études, grâce au Régime d’encouragement à l’éducation permanente. Cela dit, dans les deux cas, les fonds retirés doivent être remboursés (remis dans le REER) dans un délai déterminé.
Mme Ewing affirme que les gens utilisent ces comptes enregistrés de diverses façons, en fonction de leur situation personnelle. Il n’existe donc pas nécessairement une formule standard à appliquer pour déterminer s’il faut investir dans un produit plutôt que l’autre, mais elle souligne l’importance de tenir compte de l’ensemble de sa situation avant de faire un choix. « Les facteurs qui entrent souvent en ligne de compte dans cette décision comprennent les objectifs d’épargne personnelle, la source de revenus (qui peut avoir une incidence sur les taux d’imposition actuel et projeté) et le taux d’épargne disponible, puisque chaque compte a ses propres limites de cotisation. » Elle ajoute qu’il est également important de bien comprendre les caractéristiques de chaque type de compte pour prendre une décision éclairée concernant où et quand cotiser.
LE SAVIEZ-VOUS?
La valeur totale des cotisations REER pour l’ensemble du Canada en 2022 s’élevait à 54 G$.6
Source : Statistique Canada
Comment un REER de conjoint peut-il m’aider à épargner?
Selon Mme Swan, au Canada, les REER de conjoint permettent de profiter d’économies d’impôt lorsque le revenu d’un conjoint est nettement inférieur à celui de l’autre. Essentiellement, le conjoint qui gagne plus d’argent peut profiter des droits de cotisation au REER de son conjoint pour faire une cotisation REER qui réduira son revenu annuel imposable. C’est le principal avantage. « C’est aussi avantageux quand le REER est converti en FERR et que les retraits commencent, dit-elle. Le conjoint qui se trouve dans la tranche d’imposition inférieure peut alors effectuer le retrait. » Si elle est exécutée correctement, une stratégie de REER de conjoint peut réduire l’impôt global payé par le couple. Il faut également noter que les retraits d’un FERR de conjoint peuvent être retardés jusqu’à l’année suivant le 71e anniversaire du conjoint plus jeune en cas d’écart d’âge entre les conjoints.
Pour en savoir plus sur les REER, lisez l’article REER : regarder au-delà des stratégies de base pour épargner.
Notes de bas de page
1 TD Bank Group Newsroom. “TD Survey Finds Half of Canadians Know RRSPs and TFSAs are Critical to their Savings Strategy, But One in Four Don't Understand the Differences.” Nov. 28, 2024.
2 Statistique Canada. “Cotisants à un régime enregistré d’épargne-retraite, Canada, provinces et territoires.” 29 avril 2024.
3 Groupe Banque TD. “Que sont les REER et comment fonctionnent-ils?” 27 janvier 2025.
4 Groupe Banque TD. “Fonds indiciel canadien TD, Gestion de Placements TD, aperçu du fonds.” 27 janvier 2025.
5 Statistique Canada. “Cotisants à un régime enregistré d’épargne-retraite, Canada, provinces et territoires.” 27 janvier 2025.
6 Ibid.
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